Mécénat de compétences : mettons la data au service de causes qui nous tiennent à coeur !
Home Blends & Trends 4 juin 2020Cette phrase a été prononcée à de nombreuses reprises au détour d’une machine à café chez fifty-five. Puis, il y a deux ans, 6 d’entre nous nous sommes lancés et avons créé The Data Hive, un programme pour mettre notre expertise technique et nos méthodologies au service de l’intérêt général. J’écris cet article pour vous présenter l’une de nos initiatives, un programme de mécénat de compétences qui forme et accompagne 10 associations pendant 6 mois. L’objectif est de vous partager nos bonnes pratiques, et surtout, de vous encourager à lancer ce type d’initiative dans votre entreprise !
Le mécénat de compétence, quésaco ?
Cette dernière décennie, la prise de conscience collective de nos enjeux sociétaux, mêlée aux quêtes de sens individuelles de plus en plus prononcées (notamment chez ceux que l’on appelle les “millenials”), se manifeste par une multiplication des initiatives privées et des engagements associatifs. Un nombre croissant d’entreprises souhaitant allier efficacité économique et impact ont émergé, pour former ce qu’on appelle l’économie sociale et solidaire, ou ESS (10,5% de l’emploi français en 2013). Au sein de la tech, ce sont ces greentech, cleantech, edutech, civictech… rassemblées sous le label “Tech For Good”, qui cherchent à mettre le numérique au service du bien commun en répondant à un ou plusieurs des objectifs de développement durable de l’ONU. Le modèle à but non lucratif des associations continue, lui aussi, de séduire 13 millions de bénévoles par an et emploie 9,7% des salariés français.
Mais dans un contexte éprouvant de diminution des subventions (-3% par an entre 2005 et 2012), et donc de pénurie de compétences inhérente à une masse salariale réduite (en moyenne 1,4 salarié par association), ces associations peinent notamment à mettre en oeuvre leur transformation digitale. Face au besoin grandissant de professionnalisation de ces associations, à la quête de sens de leurs propres employés (le sens au travail est déclaré « important » pour 87 % des salariés), et à leur désir d’avoir un impact sociétal, les entreprises ont développé un nouveau modèle : le mécénat de compétences.
Ainsi, en 2017, 20 % des entreprises mécènes proposent à leurs collaborateurs de réaliser des actions d’intérêt général sur leur temps de travail contre 11 % en 2015.
Ces dispositifs peuvent être initiés en interne : Chanel met ainsi à disposition ses salariés pour des mission de conseil de 1 à 10 jours, dans des domaines aussi variés que le marketing, l’architecture, le soutien juridique, le conseil en ressources humaines et en relations presse. Ces derniers ont également formé des salariés en insertion et des micro-entrepreneurs aux techniques de vente et de merchandising.
Des organismes proposent également d’accompagner les entreprises dans la conception et la mise en place de programmes d’engagement pour leurs salarié(e)s, comme l’association Vendredi ou encore makesense.
“M’engager auprès de salariés en insertion a été une expérience forte. En plus d’apprendre énormément, cela m’a rendu fière de travailler chez Carrefour.” — Johanna,
Responsable d’entrepôt chez Carrefour Supply, devenue optimisatrice du processus de gestion de stock et de livraison pour Emmaüs Défi
Opportunités identifiées pour les entreprises, employés et associations lors de la mise en place du mécénat de compétences.
Source : Livre Blanc du Mécénat de Compétences publié par Vendredi
[Si vous souhaitez être accompagné, n’hésitez pas à les contacter.]
The Data Hive : l’initiative imaginée par fifty-five
En juin 2018, quelques employés de fifty-five, soutenus par les dirigeants, s’unissent pour mettre en place la première initiative solidaire de l’entreprise. Le but : travailler sur des projets à impact et innovants, en partageant notre expertise et nos méthodologies. The Data Hive voit alors le jour à travers deux premières initiatives :
- L’accompagnement d’Oxfam pendant un an : nous guidons des étudiants de master en Data science à Dauphine et à l’ENS, afin de créer un modèle de prédiction des donateurs abandonnistes de l’association
- L’organisation d’un hackathon pour le Samusocial de Paris, en collaboration avec makesense : lors d’un weekend, nous rassemblons 50 étudiants et experts de la data pour aider le Samusocial à optimiser les visites des hôtels accueillant des personnes en situation de précarité. Nous les avons ensuite accompagnés pendant 8 mois pour développer le projet retenu.
Forts de ces deux premières expériences, nous avons souhaité élargir le nombre d’associations accompagnées et de “fifty-fivers” impliqués. Nous imaginons alors The Data Hive Academy, un programme sur-mesure de formation à la data et au digital pour les associations, avec 6 soirées, articulées autour d’un talk et d’une session de mentoring :
- Nous recrutons d’abord 30 volontaires parmi les employés de fifty-five (l’engouement généré par le hackathon nous aide beaucoup !)
- Nous contactons des associations et organisons une première rencontre pour introduire le programme, avec 30 d’entre elles.
- A l’issue de cette rencontre, nous leur proposons de postuler au programme en détaillant une problématique clé sur laquelle ils voudraient qu’on les aide, telle que la mise en place d’une campagne de collecte de dons ou la définition d’une stratégie d’engagement de leurs bénévoles sur les réseaux sociaux.
- Nous sélectionnons finalement 10 associations et attribuons à chacune un binôme ou un trinôme de fifty-fivers qui deviendront leurs mentors.
- En janvier 2020 la première session a lieu. Elle vise à présenter la méthodologie de définition de leur stratégie digitale et à les accompagner dans l’identification d’un cas d’usage prioritaire.
Le programme The Data Hive Academy a été pensé avec ces associations, autour de 6 thèmes clés :
Les projets sur lesquels nos mentors accompagnent les associations visent principalement à optimiser leurs campagnes de dons digitales et à engager davantage leurs bénévoles. Nous les aidons par exemple à mener des analyses des profils de leurs donateurs/bénévoles puis de leurs parcours sur site dans le but d’optimiser l’expérience utilisateur, ou bien à évaluer la performance de leurs campagnes Google Ads Grants puis à définir une stratégie d’optimisation pour augmenter les dons.
Nos bonnes pratiques pour lancer une initiative de mécénat de compétences en interne
1. Cadrer les objectifs de l’initiative
Pour avoir un impact réel, il est nécessaire de concentrer ses efforts sur ce qui apporte le plus de valeur aux associations. Après réflexion avec les 10 associations que nous accompagnons, nous avons construit The Data Hive Academy avec 2 objectifs principaux :
- Acquérir des méthodologies et une culture générale sur le digital, pour tirer au mieux parti de ses données, via des talks présentant des sujets clés liés à la data
- Identifier et déployer un premier projet data prioritaire (ou “cas d’usage”), grâce à l’accompagnement de mentors
2. Recruter les associations pertinentes pour le format choisi
S’assurer de l’adéquation des problématiques des associations avec les compétences que l’on a à offrir, ainsi que de leur motivation est essentiel pour les épauler au mieux. Nous avons apporté un soin particulier à la sélection des associations pour s’assurer du succès du programme, de l’implication de tous, et ainsi éviter les déceptions d’un côté comme de l’autre. Nous avons donc apporté un soin tout particulier à la sélection des associations du programme (comme expliqué précédemment).
3. Prendre le temps d’affiner son programme
Trouver le format et le contenu appropriés à la fois aux associations et à leurs collaborateurs requiert de constamment s’ajuster à leurs besoins… Nous prenons du temps chaque mois pour consulter les associations et les fifty-fivers sur leurs questions au sujet du programme, le statut d’avancement de leurs projet, leurs attentes et les pistes d’amélioration possibles. Ainsi, il a fallu adapter le contenu de nos formations pour s’adresser à un public moins initié, en simplifiant et en vulgarisant un maximum.
4. Fédérer en interne
Le mécénat de compétences s’initie souvent via des “pionniers fous”, ces premiers collaborateurs déjà sensibilisés, qui vont être moteurs dans la conception de l’initiative et devenir son ambassadeur à la machine à café ou aux afterworks, par exemple. Obtenir le soutien de la direction est aussi fondamental pour assurer la légitimité du projet.
Ça vous parle ? C’est le moment de proposer un café à ce ou cette collègue super engagé(e) et de vous lancer !